HENNING MANKELL, "Les chaussures italiennes"
A soixante-six ans, et depuis une decennie,
Fredrik Welin vit reclus avec sa chienne et sa chatte sur une île balte.
Hanté par le souvenir d'une erreur tragique
qui brisa sa carrière de chirurgien,
et comme pour se prouver qu'il est toujours en vie,
il s'inflige chaque matin une immersion
au fond d'un trou creusé dans la glace.
Mais cette routine est interrompue par l'intrusion d'Harriet,
le grand amour de sa jeunesse,
qu'il a abandonnée trente-sept ans plus tôt.
Harriet est atteinte d'un maladie incurable,
elle est venue pour qu'il tienne une promesse :
lui montrer un lac forestier.
Frédrik ne le sais pas encore,
mais sa vie vient de recommencer.
Durant deux hivers et un été,
il va renouer avec le monde des émotions humaines.
De Henning Mankell,
je connaissais les polars magnifiques
dont le héros, le commissaire Kurt Wallander
nous fait partager ses problèmes existentiels.
Une partie de ce monde est transporté ici,
Situations âpres, personnages rugueux, au coeur de l'hiver suédois.
Sur les grands thèmes de la solitude, de la vie, de l'amour et de la mort,
l'auteur donne un roman poignant et plein d'humanité.
La grande scène du livre est sans conteste
la fête organisée à la demande d’Harriet,
soirée d’adieu par une belle nuit d’été.
A l’aube, Harriet meurt et les survivants passent du deuil à la paix :
« Le feu brûlait encore au crépuscule.
J’ajoutais de nouvelles bûches, je remuais les cendres.
Louise a apporté un plateau de nourriture.
Nous avons bu ce qui restait du cognac
et nous avons vite été ivres.
Nous pleurions et riions de chagrin,
mais aussi de soulagement
parce que les tourments d’Harriet étaient enfin terminés.
Louise était plus proche de moi
maintenant que sa mère n’était plus là entre nous
pour me rappeler mon abandon.
Nous étions assis dans l’herbe, appuyés l’un contre l’autre
à regarder la fumée du bûcher funéraire
s’élever et disparaître dans le noir. »
De la très belle littérature.