CONTRE TOI de Lola Doillon, avec Kristin Scott-Thomas
Une femme, Anna, déboule dans un commissariat
et raconte son enlèvement, puis sa séquestration.
Elle semble hésiter à porter plainte contre son agresseur,
se ravise, hésite encore...
Dès les premières séquences de Contre toi, l'indécision impose ses lois.
Le film restera fidèle à cette ambiguïté initiale.
Rapidement, un flash-back renseigne sur l'histoire d'Anna.
Il y a quelques jours (quelques semaines ?), l'héroïne a été kidnappée
en bas de chez elle, puis séquestrée dans une pièce sombre par un jeune homme
qui lui reproche d'être responsable de la mort de sa compagne.
Entre les deux personnages, dans ce huis clos étouffant,
une relation ambiguë impose ses lois, très loin des oppositions traditionnelles
entre un "bourreau" et sa "victime".
Mue par une inspiration fiévreuse, cette histoire intime
est profondément dérangeante.
Surtout, elle profite au mieux des prestations de ses comédiens :
Pio Marmaï, juste à la nuance près, et, bien sûr,
l'inégalable Kristin Scott-Thomas qui incarne
le dénuement, la révolte et l'ambiguité
avec une conviction sidérante qui donne le frisson.
Du très grand art.